conscience
“La Formule de Dieu” : Vie, Sens, Conscience…
“Nous vivons comme si notre vie était éternelle, comme si la mort était quelque chose qui n’arrivait qu’aux autres, une menace si lointaine que ça ne vaut pas la peine d’y penser. Pour nous, la mort n’est qu’une abstraction.”
“Notre vie est une perpétuelle distraction qui ne nous laisse même pas prendre conscience de ce dont elle distrait. Au fond, les gens traversent la vie comme des somnambules, ils poursuivent ce qui n’est pas important, ils veulent de l’argent et de la notoriété, ils envient les autres et s’emballent pour des choses qui n’en valent pas la peine. Ils mènent des vies dépourvues de sens. Ils se bornent à dormir, à manger et à s’inventer des problèmes qui les tiennent occupés. Ils privilégient l’accessoire et oublient l’essentiel.”
“Mais le problème est que la mort n’est pas une abstraction. En réalité, elle est juste là, au coin de la rue. Un jour surgit un médecin qui nous dit : « vous allez mourir ». Et c’est là, quand soudain le cauchemar devient insupportable, qu’on se réveille enfin. On se réveille pour vivre les derniers moments, pour voir la vie s’écouler comme l’eau qui disparaît par le trou de l’évier…”
Quand on sait que l’on peut mourir, que l’on a traversé la vie comme si on était anesthésié, comme si on avait dormi, comme si, en réalité, on ne l’avais pas vécue.
Réincarnation
Peut-être que notre corps meurt, mais que notre âme survit et qu’une fois réincarné, on peut corriger les erreurs de cette vie.
La survie de l’âme, c’est la possibilité qu’elle se réincarne plus tard dans un autre corps et que l’on puisse revivre à nouveau – l’âme, une force vitale, l’esprit qui nous anime.
Que sommes nous ?
Le corps, c’est une chose qui est nôtre, mais en disant que ce corps est nôtre, nous admettons par-là même que nous sommes distincts de celui-ci. Il est nôtre, mais il n’est pas nôtre.
Nous sommes nos pensées, notre expérience, nos sentiments.
Qu’est-ce que la conscience ?
Le « je » qui est nous, qu’on appelle l’âme ?
Le problème est que le « je » qui nous constitue est le produit de substances chimiques qui circulent dans notre corps, de transmissions électriques entre nos neurones, d’hérédités génétiques codifiées dans notre ADN, et d’innombrables facteurs extérieurs et intrinsèques qui déterminent ce que nous sommes.
Notre cerveau est une complexe machine électrochimique qui fonctionne comme un ordinateur et notre conscience, cette notion que nous avons de notre existence, est une sorte de programme.
La cervelle est le hardware, la conscience le software.
Si l’être humain est un ordinateur très complexe, peut-il lui-même avoir une âme ? Quand tous les circuits sont morts, l’âme survit-elle ? Et où donc survit-elle ? De quoi est faite cette âme qui s’élève du corps ? D’atomes ?
Quel est le fondement de notre conscience ? Comment sait-on que l’on est soi ? Qu’est-ce qui fait que l’on sait tout de soi ?
Nous nous connaissons à cause de ce que nous avons vécu, de ce que nous avons fait et de ce que nous avons dit, de ce que nous avons entendu, vu et appris.
Où est logée notre mémoire ?
La mémoire est logée dans notre cerveau, stockée dans des cellules. Ces cellules font partie de notre corps. Et c’est là tout le problème. Lorsque notre corps meurt, les cellules de notre mémoire cessent d’être alimentées par l’oxygène et périssent également. Ainsi s’éteint toute la mémoire, le souvenir de ce que nous somme.
Qu’est-ce que la vie ?
Pour un biologiste, la vie est un ensemble de processus complexes fondés sur l’« atome de carbone », mais «processus complexes». Tous les êtres vivants sont constitués par des atomes de carbone, mais ce n’est pas cela qui est véritablement structurant pour la définition de la vie.
Il y a des biochimistes qui admettent que les premières formes de vie sur la terre ne reposent pas sur les atomes de carbone, mais sur les cristaux. Les atomes ne sont que la matière qui rend la vie possible. Peu importe qu’il s’agisse d’un atome A ou d’un atome B.
Ce qui fait qui est le soi, c’est un agencement, une structure d’informations. Ce ne sont pas les atomes, mais la manière dont ils sont organisés.
D’où vient la vie ? Les atomes qui composent notre corps sont exactement les mêmes que les atomes qui composent n’importe quelle galaxie lointaine. Ils sont tous pareils. La différence est dans la façon dont ils s’organisent.
Qu’est-ce qui organise les atomes de manière à former des cellules vivantes ? Ce qui organise les atomes de manière à former des cellules vivantes, ce sont les lois de la physique. Tel est le coeur du problème.
Comment un ensemble d’atomes inanimés peut-il former un système vivant ? Dans l’existence des lois de complexité. Les systèmes s’organisent spontanément, de manière à créer des structures toujours plus complexes, obéissant à des lois physiques et exprimées par des équations mathématiques.
Un physicien Prix Nobel a démontré que les équations mathématiques qui régissent les réactions chimiques inorganiques sont semblables aux équations qui établissent les règles de comportement simple des systèmes biologiques avancés. Les organismes vivants sont le produit d’une incroyable complexification des systèmes inorganiques. Cette complexification ne résulte pas de l’activité d’une quelconque force vitale, mais de l’organisation spontanée de la matière.
Une molécule peut être constituée par un million d’atomes reliés entre eux d’une manière très spécifique, et dont l’activité est contrôlée par des structures chimiques aussi complexes que celles d’une ville.
Le secret de la vie n’est pas dans les atomes qui constituent la molécule, mais dans sa structure, dans son organisation complexe. Cette structure existe parce qu’elle obéit à des lois d’organisation spontanée de la matière. La vie est le produit de la complexification de la matière inerte, la conscience est le produit de la complexification de la vie.
Que la vie repose sur l’atome de carbone ou sur des cristaux ou sur quoi que ce soit d’autre, ce qui fait la vie, c’est une structure d’informations, une sémantique, une organisation complexe.
Qu’on prenne dans notre corps un atome A pour mettre à la place un atome B, si cette information est préservée, si cette structure reste intacte, alors nous continuerons d’être nous. Même si on remplaçait tous nos atomes par d’autres, nous continuerons d’être nous. Il est aujourd’hui prouvé que presque tous nos atomes changent au long de notre vie. Nous continuons tout de même d’être nous.
Peu importe l’atome qui, à un moment donné, remplit la structure. L’essentiel, c’est la structure en soi. Dès lors que des atomes occupent la structure d’information qui définit notre identité et les fonctions de nos organes, la vie est possible.
La vie est une structure d’informations très complexe et toutes ses activités englobent un processus d’information.
Si la vie est constituée par un agencement, une sémantique, une structure d’information qui se développe et interagit avec le monde extérieur, ne sommes-nous qu’une sorte de programme ? La matière est le hardware, notre conscience le software. Nous sommes un programme d’ordinateur très complexe et avancé.
Quel est le programme de cet ordinateur ? La survie des gènes. Certains biologistes ont défini l’être humain comme une machine de survie, une sorte de robot programmé aveuglément pour préserver ses gènes.
Quand les ordinateurs atteindront ce degré de complexité, deviendront-ils émotifs et conscients ? L’idée que les machines puissent avoir une conscience choque le commun des mortels. Et, pourtant, la plupart des scientifiques qui réfléchissent à la question admettent qu’il soit possible de rendre conscient une intelligence simulée.
Le cerveau de l’ordinateur pourrait-il devenir aussi complexe que le cerveau ? Un cerveau est une masse organique qui fonctionne exactement comme un circuit électrique. Au lieu d’avoir des fils, il a des neurones, au lieu d’avoir des puces, il a de la matière grise, mais c’est absolument la même chose. Son fonctionnement est déterministe. Les cellules nerveuses déclenchent une impulsion électrique en direction du bras selon un ordre spécifique, à travers un circuit de courants prédéfinis. Un circuit différent produirait l’émission d’une impulsion différente.
Les ordinateurs dépassent les humains en termes de vitesse de calcul. Là où ils présentent de grosses déficiences, c’est dans la créativité. L’un des pères de l’ordinateur, un Anglais nommé Alan Turing, a établi que le jour où l’on parviendra à entretenir avec un ordinateur une conversation tout à fait identique à celle qu’on peut avoir avec n’importe quel être humain, alors ce sera le signe que l’ordinateur pense, la preuve qu’il a une intelligence de notre niveau.
Si les ordinateurs peuvent ou non acquérir une conscience est liée à un problème de mathématique, celui des paradoxes autoréférentiels.
Selon le mathématicien du nom de Kurt Gödel, qui a formulé deux théorèmes dits de l’incomplétude, a prouvé qu’il n’existe aucun fondement général qui démontre la cohérence des mathématiques. Il y a des affirmations qui sont vraies, mais non démontrables à l’intérieur du système. Cette découverte a eu de profondes conséquences, en révélant les limites des mathématiques, introduisant ainsi une subtilité inconnue dans l’architecture de l’univers. C’est valable pour un ordinateur comme pour un être humain. Conclusion : il est possible qu’un ordinateur puisse être aussi intelligent que nous, sinon plus.
Conscience par Matthieu Ricard

Le bouddhisme considère qu’il existe six, sept, voire huit aspects de la conscience, sous-tendus par le continuum lumineux de la conscience fondamentale.
- La conscience de base, qui a une connaissance globale, générale, du monde et qui sait qu’elle existe.
- La conscience associé aux expériences sensorielles de la vue,
- La conscience associé aux expériences sensorielles de l’ouïe,
- La conscience associé aux expériences sensorielles de l’odorat,
- La conscience associé aux expériences sensorielles du goût,
- La conscience associé aux expériences sensorielles du toucher,
- La conscience mentale qui assigne des concepts abstraits aux six premiers aspects.
- La huitième instance de la conscience liée aux états mentaux conflictuels qui altèrent la réalité (tels la haine, la cupidité, etc.), selon la philosophie bouddhiste
Selon le bouddhisme, la dualité matière-conscience (corps-esprit), est un faux débat, puisqu’aucun des deux n’existe indépendamment et intrinsèquement.
La nature fondamentale des phénomènes transcende les notions de sujet et d’objet, de temps et d’espace. Or, quand le monde des phénomènes se manifeste à partir de la nature primordiale, nous perdons de vue l’unité première de la conscience et du monde, et nous introduisons une fausse distinction. Le clivage entre le soi et le non-soi s’instaure, et le monde de l’ignorance, ou samsara, advient. La naissance du samsara ne s’est pas produite à un moment donné dans le temps. Le samsara est, à chaque instant et à chacune de nos pensées, le reflet de la réification du monde opérée par l’ignorance.
Le dualisme cartésien postule :
- l’existence d’une réalité matérielle, solide et réellement existante,
- une conscience totalement immatérielle qui ne peut pas entretenir de lien véritable avec la matière,
- une séparation nette entre l’esprit et la matière
L’analyse bouddhiste des phénomènes reconnaît :
- l’absence de réalité intrinsèque de tous les phénomènes : animés ou inanimés – dénués d’existence autonome et ultime (tout en distinguant de manière conventionnelle la matière et la conscience),
- La conscience et le monde des phénomènes apparents sont liés par l’interdépendance (sans dualisme), tous deux constituant le monde dont nous faisons l’expérience
- l’illusion de la distinction entre le monde intérieur de la pensée et la réalité physique extérieure
- UNE SEULE REALITE ou l’absence de réalité intrinsèque
Le bouddhisme réfute :
- la réalité ultime des phénomènes,
- l’idée que la conscience est une entité indépendante, dotée d’une existence inhérente,
- la dichotomie entre monde « matériel » et « immatériel »
Le bouddhisme n’adopte pas pour autant un point de vue purement idéaliste, pas plus qu’il ne prétend que le monde extérieur est une construction de la conscience.
Il insiste sur le fait qu’en l’absence de conscience, il est impossible d’affirmer que le monde existe, parce qu’une telle affirmation implique la présence d’une conscience.
En astrophysique, le temps et l’espace ont commencé avec le Big Bang.
En physique quantique, se pose la question ultime : « Un monde totalement privé de vie et d’êtres sensibles pourrait-il exister de lui-même ? »….
Il serait bien sûr absurde de nier l’existence de mondes inanimés, puisque la plupart des planètes sont des planètes mortes. Néanmoins, sans conscience, il n’y a ni question ni réponse, ni concept ni « monde » en tant qu’objet de l’expérience.